Collision
J'imagine la ligne d'arrivée comme un mur qui me semblait infranchissable et qui maintenant devient l'unique issue du chemin épistémique que j'entamai il y a presque deux ans.
Cette ligne d'arrivée, donc, m'apparaît comme une falaise contre laquelle mon océan intérieur perpétuellement se brisa.
La collision comme motif de pensée. Le crash comme point de chute. L'éclatement comme destination.
Ces images n'inspirent pas énormément de rêve, mais n'ayez crainte, je suis heureux de m'exploser contre cette surface solide quitte à risquer la cessité. Ne l'ai-je pas choisi, ce goulag de l'intellect, ce pénitencier des pensées, cette prison de la création?
Deux ans maintenant que je subis les assauts de la bêtise. Deux ans maintenant que je tente en vain d'ignorer la médiocrité. Deux ans maintenant que ma voix se casse et que ma voie semble bouchée par cette ligne inaccessible.
Deux ans... C'est court et long en même temps. Quel cliché que de devoir dire cela par écrit! Mais c'est bien la vérité: deux ans c'est le nombre 2 et le nombre 63'072'000 en même temps, ou le nombre de secondes à soupirer, à s'agacer, à se morfondre, à se méprendre, à s'épuiser, à se défendre, à mépriser, à ne pas s'entendre.
La collision qui me permettra de me renouveller enfin, je la chéris comme un poison qui me délivrerait de cette vie de servitude intellectuelle, car deux ans à s'embêtir, c'est deux ans à définitivement proscrire.
