Densité
Qu'il semble lointain le temps où je me posais toute ces questions sur l'Australie, que je m'interrogeais sur mon devenir aux antipodes ainsi que sur ma survie intellectuelle et émotionnelle à l'autre bout du monde. C'était il y a si longtemps que ça me semble être une autre vie, une vie en dehors de la parenthèse, une vie sans bordure ni limite. Une vraie vie quoi...
Ce n'est pas que ce que je vis ici n'est pas réel. Bien au contraire, ce que je vis ici est tellement réel et incompatible avec mon autre vie que ça me semble irréel. Je me sens molletonné dans une matérialité si étrange, si chaude et sèche qu'à la fin de la journée je me sens asphyxié.
Car l'air ici n'est pas humide, il est n'est pas pesant, mais étouffant. La densité de cette vie n'est pas dans l'atmosphère qui entoure mon corps, mais dans celle qui y pénètre. Mes poumons brulent à chaque inspiration, et essayent de se défaire tant bien que mal du manque d'eau de cette non-brise à l'apparence éternelle. La viscosité du manque, la densité du sec, je me sens écrasé de l'intérieur, implosant sous ma propre chaleur, m'écroulant sous le son de mes soupirs et de mes sursauts...
Ici, dans cette parenthèse qu'est devenue ma vie, j'apprends des nouvelles manières de vivre, forcé par mon environnement à me réimaginer. Mais ne vous en faites pas, les vallées de mon imagination et les torrents de mes amours ne sont pas bien loin. Et sous ce soleil brulant ils m'offrent le répit de courants et expressions dont j'ai grandement besoin.
