Aujourd'hui, et quel bonheur, c'est jour de rentrée! Pas celle que j'avais envisagée il y a quelques mois - celle de la rentrée scolaire - mais bien celle du retour à la maison de mon deuxième cycle d'immuno-chimiothérapie.

J'ai l'impression désormais d'être un vétéran de l'hôpital; je connais les gens, les lieux, les protocols, les processus, me suis habitué au rythme saccadé des examens et interventions en tous genres, et d'une certaine façon me suis fait un nid dans ce lieu parfois difficile à s'approprier.

Malgré ce relatif confort hospitalier où je suis chouaillé par le personnel et mes proches, je ressens un désir extrême de rentrer à la maison pour retrouver Ayden et Leslie. C'est une sorte de pulsion incontrollable qui me susurre d'abord puis rapidement me hurle dans les oreilles que je ne suis pas à ma place ici, que ma place est avec ma famille, chez nous, home. Alors je prends mon mal en patience, j'attends que les médicaments, goutte après goutte, ploc après ploc, se vident dans mes veines au débit de 13ml/h.

Je suis comme hypnotisé par le passage du temps salvateur que signifie ce passage chimique et aqueux d'une poche de plastique à mon sang. C'est une sensation ambivalente: ces médicaments qui me sauvent et me permettent de revoir ma famille sont aussi ceux qui me privent d'elle. Mais je dois voir le positif: j'avance à petits pas vers la guérison, et chaque goutte représente une étape supplémentaire vers la sortie du tunnel.

Alors ce n'est peut-être pas la rentrée que j'avais imaginée, celle des nouveaux visages et du stress de l'inconnu, mais cette rentrée chez moi est encore plus belle, ce retour parmi les miens encore plus stimulant.