Je ne me sens pas malade, mais convalescent, en train de reprendre des forces; je me requinque, me couvre d'un voile de produits cytotoxiques afin d'éradiquer la belle pomme moisie qui n'est probablement plus qu'une relique d'elle-même après ces trois cycles et demi d'immuno-chimiothérapie.

La force que la vie m'offre chaque jour n'est pas physique: elle est mentale, psychologique, spirituelle. La maladie me rend sage, mature, profond. J'espère que ces mots ne sont pas ceux d'un arrogant. La réalité que je vis et ressens est la suivante: durant chaque instant de ce traitement, j'ai appris et continue d'apprendre comment mieux appréhender le quotidien et le long terme. Je grandis au fur et à mesure que la tumeur rétrécit. J'avance alors qu'elle recule.

Peut-être perçois-je cette nouvelle force et la sagesse l'accompagnant de manière exagérée? Peut-être viennent-elle du contraste avec les mois difficiles passés avant la découverte du cancer. Maintenant que j'ai moins de symptômes, que je suis moins fatigué, moins irritable, moins enflammé, je suis mieux à même de me rendre compte à quel point cette maladie et son traitement m'ont fait grandir. Je ne suis plus tout à fait le Arnaud d'avant, mais la nouvelle version me plaît tout autant.

Voilà les mots du convalescent.