Me voilà au cinquième jour de mon cinquième cycle, l'avant-dernier d'une épopée médicale de six immuno-chimiothérapies. Commencée le 28 juillet, cette épopée devrait s'achever le 14 novembre, si tout va bien. Je garde espoir qu'il n'y ait pas besoin d'autres traitements après le sixième cycle, mais l'espoir est une de ces illusions cognitives dont je me méfie. L'espoir nous biaise. Je préfère la patience, désormais. La patience, elle, ne mène pas à la frustration.

Ce cinquième cycle a été plus facile que le quatrième. Je suis légèrement plus fatigué, certes, mais d'une manière générale je me sens moins nauséeux, moins gêné par les charmants produits qu'on m'administre. C'est une bonne nouvelle, car cela signifie que je connais mieux mes limites, mes besoins, mes envies. Peut-être qu'au sixième cycle je me sentirai tellement bien que j'en redemanderai un septième! Qui sait?

J'utilise l'humour aujourd'hui car j'ai le moral. Et le moral, dans ces traitements, c'est vital. On me dit beaucoup que le moral c'est 50% du traitement anti-cancéreux. Et j'y crois. Alors je rigole, autant que je peux. J'ironise, si ça m'amuse. Et je prends le merveilleux là où il se cache et se dévoile, sans trop me focaliser sur le négatif.

On touche au but! Plus qu'un cycle et après ça sera une convalescence bien méritée. Des fêtes de Noël qui auront une saveur particulière. Un hiver qui sera un bel été dans mon coeur - l'été qui m'a été quelque peu gâché ce 8 juillet par la nouvelle peu réjouissante de ce lymphome primitif du médiastin, la belle pomme moisie dont même les graines ne résisteront à l'érosion cytotoxique.