A l'écoute des chansons du temps
A l'écoute des chansons du temps
le Poète s'enfonce dans la masse du lieu,
son milieu,
là où les flux de matières et de sens
s'entrecroisent
et se révèlent
et s'entremêlent
et se réveillent.
A l'encontre des non-dits sociaux
le Poète s'écarte des sentiers battus,
sa culture,
là où croyances et phrases toute-faites
se rassurent
et se prolongent
en parallèle
sans discontinuer.
A la rencontre des richesses autres,
le Poète s'imbibe des différences
de la vie,
non pas en collisions monologues,
mais en découvertes plurielles
qui aspirent à rêver
et inspirent du rêve.
A l'écart des viles bassesses
de la basse ville,
je n'ambitionne que d'écrire
que mes envies sont les mêmes
que les rythmes de la vie.
C'est pour cela que ce lieu
de la marge,
qui m'a formé à penser,
reçoit ici un testament
tambourinant
tonitruant,
tantôt lyrique
ou métaphysique,
car c'est à la Tambourine
que je la dois,
cette voix d'homme,
cette voix-là.
Quand je repense
à mon enfance,
aux étendues de Genève
s'offrant à moi,
au cèdre du Liban
me faisant face
et m'encourageant
à tisser les lignes de sens
qui m'entourent;
quand je repense
à ce balcon,
une terrasse de coeur
ouvrant à mon imaginaire enjoué
la ville et ses merveilles de pierre et d'eau;
quand je repense aux courbes lisses
de la chaine montagneuse
dont la silhouette est gravée
dans ma mémoire à jamais;
quand je repense
à tout cela,
alors ma vision s'éclaire,
et mon angoisse de grandir
s'estompe lentement
avec la course du soleil fatigué
qui s'en va se coucher
de par derrière le Jura.
Dans ces moments de toute beauté,
où les perceptions s'enrobent du formel,
le Poète devient Esthète,
et pleure de joie
et couche ses larmes
sur la page son amie,
qui ne le quittera jamais:
et dans ces moments-là,
à l'écoute des chansons
qui l'entourent,
le Poète admire
la mélodie du Tout
et ses tambourinements staccatés.