Au croisement des ronds
La bise souffle sur la Drize
et mes pensées moribondes
s'envolent en fins nuages.
Sur le boulevard des balades,
je me promène
en rêvassant du réveillon.
Au carrefour de ce point
du pourtour
du genevois,
à ce croisement
des chemins du saint et de l'ancien,
l'histoire se réveille
et le passé s'anime:
à travers des duos de mots
et des triades fades,
j'aperçois
les libres décadents
se rire
de l'austère abstinence
du vieux sage exilé.
Mais à chaque coup de vent,
le cristal du passé
s'érode un peu plus
et s'évanouit en
riants
ronds
tourbillonnant.
Dans cette poussière sémantique
où l'hiver se montre à moi,
les bourrasques s'expriment
en invectives violentes
qui fouettent mes joues
et m'enterrent
dans le moment
présent.
Je tourne en rond
et croise
mon moi,
qui s'étonne de voir
son soi
réfracté dans la bise.
Le vent, lui,
souffle sa chanson
sans se soucier
qu'au-dessus
de la Drize,
en ce froid soir de décembre,
mes pensées moribondes
tombent
en blancs
flocons.