Balade en forêt
Imaginez une douce brise,
rafraîchissante, mais calmante,
effleurant délicatement votre visage et vos épaules.
Grâce à cette brise, vous vous relâchez,
vous vous relaxez:
vos épaules sombrent,
vos jambes deviennent lourdes;
vous vous sentez tomber comme une feuille
se laisse dériver vers le lit de la forêt
au crépuscule de l'automne.
La feuille est une fenêtre sur votre for intérieur
qui fait fi des forces extérieures et ne feint de vous calmer.
Imaginez votre scalp et votre visage comme la canopée d'une forêt,
paisible et millénaire, vibrante et délectable.
Ressentez votre poitrine et votre ventre comme des amas de feuilles
jaunies par le changement de saison;
ces feuilles sont si légères qu'une inspiration les soulève,
et qu'une respiration les ramène vers l'humus primal de votre être.
Les feuilles se soulèvent puis retombent.
Plusieurs fois, elles oscillent gaiement.
Imaginez maintenant que vos cuisses, vos genoux et vos pieds
forment les racines entremêlées de la forêt primaire,
un réseau souterrain qui vous relie au sol.
Grâce à ce réseau, vous vous enracinez graduellement
jusqu'à excéder les limites de votre corps.
Vous vous étendez sur des mètres et des mètres.
Vous vous sentez léger autant que la forêt est vaste.
Vous vous sentez paisible autant que la forêt est belle.
La douce brise de votre respiration fait valser
la canopée qu'est votre tête;
La calme brise de votre respiration fait tourbillonner
les amas de feuilles qu'est votre corps.
A chaque respiration de votre brise intérieure,
vos racines s'enfoncent de plus en plus dans le sol
et vous ancrent dans une paix sylvestre.
C'est à ce moment que vous la voyez: la lueur intérieure!
Au milieu de cette forêt réside le coeur de votre être,
qui est éclairé par une lueur ambrée crépusculaire.
Vous vous baignez dans cette atmosphère radieuse de beauté,
absorbant chaque rayon comme si c'était le dernier.
Puis, doucement cette lumière faiblit, lentement s'estompe,
et la nuit tombe sur vous et vous attire vers la terre.
Les myriades de feuilles qui composent votre mental
flottent vers le sol en des nuances de gris pointillistes.
Le vent s'essouffle et tombe, et comme le vent, vos paupières
deviennent lourdes et lâchent prise.
Vous êtes devenu la forêt et la nuit votre meilleure amie.