Calme lac
Qu'il est dur de rêver quand le monde est tumulte,
que les images mouvantes montrent mort et bêtise.
Qu'il est dur de s'arrêter un instant de penser
quand l'espoir de vivre ensemble s'évanouit dans la nuit.
Qu'il est dur d'écrire des mots de paix quand la guerre est légion,
que les humains se tuent et se haïssent à l'unisson.
Dans ces moments de doute,
je m'échappe par la pensée
et flâne dans le jardin qui borde le lac.
J'y observe les bateaux et les lumières de la ville,
les enseignes des banques et les signes de richesse.
J'y rencontre du monde qui vient du bout du monde
et qui ne demande rien, ou peut-être que si…
Dans ces moments de peine,
à l'embouchure de la promenade du lac,
là où le plan devient filaire,
là où la rade devient rivière,
j'ai envie de voir la paix m'apparaître
et nos maux sociétaux disparaître
en
é-
c-
l-
at
de lumière
.
Le ruissellement du lac me calme.
Il m'apaise et m'appelle et m'apprend à souffler.
Il me donne l'envie de poser mes pensées
sur papier de lumière jusqu'à n'y voir plus rien
que la beauté des vaguelettes du Léman un matin.
Je ferme les yeux et m'imagine là-bas,
regardant le Rhône s'étendre sur la Suisse
à contre-courant.
Je deviens le lac et moi aussi je m'ouvre
et décide que jamais, non jamais
je n'aurai de haine pour les embrigadés de la foi;
je n'aurai que pitié qu'ils soient tant manipulés.