Ecopoétique
Je suis assis sur mon balcon, enveloppé dans une légère brise qui atteint les 37.1°, la température de mon corps. Je réalise que la frontière entre ce dernier et mon environnement ne s'arrête pas à ma peau.
Mon être est pris dans les mailles d'un tissu écopoétique qui s'étend bien au-delà de ce que j'arrive à percevoir. Je vis constamment dans un imaginaire mêlant écologie et poésie. Je suis pris dans une multiplicité de processus spatiaux, dans une mixture faite à la fois d'échanges d'énergie et de flux d'information.
La chaleur sèche de Canberra ne laisse aucun répit à mon intellect. Elle m'assène des coups qui me transforment et me re-forment. Je suis intriqué dans cet endroit qui n'existe pourtant pas en français. Et pourtant je construis ma présence dans cette langue, réformant mon expérience, la faisant glisser d'un état à un autre dans une régression infinie.
Ce n'est pas un rêve, mais cela y ressemble. Ce n'est pas la réalité non plus, en tous cas pas telle qu'on la conçoit habituellement. C'est une réalité mêlée à mon imaginaire.
J'observe le mouvement du feuillage des arbres qui bordent mon appartement. Cela me calme, mais ça m'hypnotise aussi. Le mouvement est difficile à appréhender lorsqu'on pense rationnellement, alors j'échappe à la raison et adopte une attitude qui me fait voir le monde différemment. Je vois bien plus que ce que mes yeux absorbent, je ressens. C'est bon…
Assis sur mon balcon, pris dans une méditation écopoétique. J'écris ces mots. Et je vois la vie en images et en sons, en métaphores et comparaisons. Je vois la vie en métonymie, où la proximité s'impose à la similarité. Cela aussi, c'est bon…
