Entre deux eaux
C'est en ce soir d'hiver
que les yeux du Poète
se posent sur le lac
et l'empoignent avec vigueur
et le projettent dans la nuit
sombre
et froide.
Le jet d'eau n'est pas doré:
il brille d'un éclat de lune
et s'envole en vapeur,
telle une neige mythique
dans le monde onirique
des paroles enchantées.
Aussitôt dit aussitôt fait:
le puissant jet d'eau
recouvre le ciel noir
de sa poudre d'argent
qui le fait scintiller
en des milliers de songes.
Soudainement les animaux
du bestiaire mythologique
entament leur chant
et animent cette folle soirée
où cygnes, colombes et pégases
scintillent à l'unisson.
Et je danse et je tourne
et j'arpente les rues
de la ville et commune
de Genève la Belle.
Et je rêve et je ris
et j'arrache à la vie
des larmes d'amour
et des éclats de peine.
J'en profite et je chante
à tue-tête, ébahi.
J'imagine les autres,
dormant tous,
ne doutant un instant
que le monde qui les entoure
et les protège
cette nuit s'est transformé
en manique arc-en-ciel
argenté.
C'est dans ces mots d'automne
que la voix du Poète
imagine le lac hivernal
dans le ciel
et le ramène au sol
et lui entame une comptine
pour l'endormir
jusqu'au soir prochain.