Fuite
Les extrémités glacées de mon corps
M'incitent d'abord à serrer les poings,
Puis à pianoter de mes doigts avec soin
Dans le vide, afin de briser le sort.
L'air froid et sec d'un matin d'hiver
Se mêle instamment à mon sang.
La douleur ne dure que ce moment
Pendant lequel tout mon être s'aère.
Et c'est la fuite en avant, résonnante:
Mes pas se font échos de ma trajectoire,
Mon souffle de ma course le miroir,
Le vent dans mes oreilles se vante
De me pousser à m'essouffler.
Je trace les chemins de mon empreinte
Corporelle, mémoire filiforme qui emprunte
Sa forme au souvenir de ma longue journée.
L'espace semble s'allonger, le temps raccourcir,
Je marche et perçois les détails autour
De moi, profusion d'images qui rendent sourd
Et de sons qui aveuglent, tout semble s'épaissir
En un moment-temps qui défie l'entendement.
Drainé de ma chaleur, je m'habille du froid,
Glanant goulument les glaçures des toits,
Puis je m'arrête de marcher. Et j'attends.
Le repos.