Gare à toi
A la croisée des chemins
ma pensée s'arrête.
Au carrefour des destins
mes idées s'essayent.
A la confluence des mondes
ma raison s'empêtre.
Au cyclone des cultures
essaime ce poème.
***
Gare à toi, me disent-ils tous,
quand tu t'aventures dans l'antre
des différences!
Gare à toi, me préviennent-ils,
car tu risques de t'y perdre
et de t'y fourvoyer!
Gare à toi! crient-ils
comme des Pierres
à propos du loup.
Mais je me garde bien de vous écouter,
car à mes yeux c'est vous
qui vous êtes égarés!
***
C'est par un fouillis de mots
que j'approche ce lieu texturé,
car ses multiples routes
et ses nombreux rails
emberlificotés
n'ont de cesse de faire mes pensées
dérailler.
Les hordes d'itinérants y sont les esclaves modernes du mouvement:
en ce lieu les avides voyageurs
croisent les meutes d'êtres errants.
Les voitures et vélos y côtoient taxis et badauds;
quant aux bus et aux trams,
eux s'affranchissent dé règle
ke lé zautre non de cess de respecté
Et pourtant,
il n'y a pas de loi à cet enchevêtrement de trajectoires.
Il n'y a que la chance de l'espace,
le hasard du lieu,
le mouvement des êtres
et la fixation voulue par les dieux
du capital et du marché!
Un brouhaha sans foi ni loi s'échappe du tréfonds de l'allée de mes pensées.
J'entends les rires et les pleures d'âmes damnées
broyées par le système qui les a enfantées.
Sans discontinuer, le vacarme incessant des moteurs
étouffe la voix de la précarité et finalement s'impose à moi.
Le bruit mécanique devient une comptine
dont l'étrangeté je ne peux déchiffrer
et dont la beauté je ne peux apprécier
***
Dans ce lieu si séduisant
qui est une île
de mouvement,
assidument je me perds
et me plait éperdument.
C'est son mélange des différences
et sa base de tolérance
que j'apprécie si savamment.
Mais gare à moi de ne pas romancer poussivement
ce lieu imbibé d'idées parfois extrêmes,
car dans le cyclone des cultures,
parfois le naufragé de la raison se perd!