La consécration du nous
Les démons du passé me hantent.
Mes désirs explosés m'attristent.
Les mondes dépassés déchantent.
Mes exploits désirés m'enfouissent.
L'atmosphère pesante des derniers soirs d'hiver
m'enfonce dans les méandres repliés
du maillage de mes pensées.
Il y a des mélancolies qui ne sauraient pallier
à l'espoir oublié de tendre vers le futur.
Il y a des lancinements qui froissent l'équilibre,
et qui courbent mon récit,
le courbent sur lui-même,
et le font effleurer le moment présent,
telle une pluie d'étincelle sur ma peau insensible.
D'où me vient cette insensée sensation
que ma conscience sincère se détend en tension,
et attrape le passé,
et le froisse,
et empoigne ma peur de l'angoisse?
Pourquoi suis-je pris
dans le tourbillon du temps,
alors que mon esprit tournoie tout en tâtant l'instant
et qu'il tente instamment d'échapper
à la mainmise des sens?
La cathédrale de mon esprit,
la base de ma réflexion,
vacille avec l'apprentissage tectonique
de nouveaux mouvements de pensée.
Je me sens hors du temps,
capturé par ce lieu qui transcende l'histoire
et habite les âmes.
Je me sens prisonnier
et libre à la fois,
prisonnier des idées qui libèrent mes choix.
Mais l'unique connaissance
que j'ai vraiment de la cathédrale,
est ce poème* dédié,
il y a cinq ans déjà,
à celle qui est tout,
qui est l'infinie courbature de l'espacetemps sacré:
l'espacetemps dévoué à la consécration du nous.
Il y a toujours une peur dans l'imaginaire
du lointain,
surtout quand cinq ans ont passé
et que la vie s'éteint;
mais le paradoxe établi que la nostalgie peut soigner
me semble le proverbe acquis d'une envie regagnée.
*Cathédrale
Mon dos contre la cathédrale,
Mon épaule sous ton crâne,
Un panneau bleu mais rouge
Dans nos esprits qui bougent
Un baiser sur la joue, angoisse
Un regard tourmenté, quelle poisse
Mais tu es là, contre moi
Et je suis là, contre toi
Et nous prenons conscience
Ensemble
Qu'on est tous tout seul,
Mais ensemble.