La prairie
Le ciel est blanc en ce matin de printemps.
Les arbres sur l'horizon, qui sont des gouffres du coeur dont la noirceur
étincelante aveugle même les plus sages,
bourgeonnent en fractales incolores
qui étourdissent par leur pâleur.
Devant moi, l'herbe fraîchement poussée est comme une marée noire,
un horizon des événements dont aucune senteur ne se dégage,
que la nauséabonde et gluante absence de vie.
C'est que cette prairie de la renaissance saisonnière n'existe qu'en clair-
obscur,
dans ce monde sans couleur,
et ce n'est que dans la pénombre de mes pensées
que j'entrevois une étincelle abyssale
qui mettra le feu à cette terrible escale.