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Critical, creative and digital writingEcriture critique, créative et numérique

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13 07 2014  

Le nord

Encore une étape dans notre boucle antipodéenne s'est achevée. Cela fait maintenant depuis une quinzaine de jours que Leslie et moi nous sommes lancés dans ce périple plutôt bien contrôlé et régulé. Au fur et à mesure que l'on progresse dans notre tour, le sentiment de n'avoir pas été séparé l'un de l'autre pendant cette année scolaire se fait de plus en plus ressentir. C'est une sensation de n'avoir jamais quitté mon ancienne vie. Comme je le pressentais, mon séjour australien s'apparente à une parenthèse dans le récit de ma vie. Une digression nécessaire, mais une digression quand même. Je n'ai pas énormément l'occasion d'écrire ces jours, ni de lire d'ailleurs. Ce sont des activités solitaires, mieux effectuées dans l'isolation de la séparation que dans la frénésie des retrouvailles. Aujourd'hui, nous volons quatre heures pour nous retrouver dans un autre environnement ; un environnement qui ne sera familier ni à Leslie ni à moi: le Top End ; les Tropiques ; Darwin et Kakadu ! Mon rêve ! *** Pourquoi est-ce qu'on écrit ? Pourquoi couche-t-on sur papier ses pensées intimes ? Peut-être est-ce simplement pour les exprimer, pour les articuler, pour les faire entrer dans l'environnement qui nous entoure ? Pour les rendre tangibles et visibles ? Si je ne les écris pas, mes méditations restent cantonnées à ma psyché, à la rivière de mes pensées, aux pluies de ma créativité. En les écrivant, je transfère une partie de moi-même à mon environnement ; je réinsère mon être intérieur dans le champ de mes alentours ; je réitère ma présence dans le monde du mouvement, des changements et des transformations. Qui plus est, je participe à un dialogue plus large, à une conversation avec le monde et avec les autres êtres qui le peuplent. En écrivant mes pensées, je m'inscris littéralement et matériellement dans l'intersubjectivité qui compose la texture de la vie terrestre. Ecrire n'est pas un acte politique. C'est un processus ontologique de réaffirmation du lien indivisible entre mon Moi et l'Autre qui m'entoure. Ecrire n'est pas seulement un transfert d'information du cerveau au monde extérieur! Ecrire est une transaction, une réaffirmation de la porosité entre cognition, physiologie et écologie.