Le sommet
Au pinacle de mon oikos,
les pensées sont si denses
que des flocons de mots
tombent en neige éparse.
Des vents virevoltant
se vantent et inventent
des formules nouvelles,
dont les frasques connues
m'emmènent au sommet
de mon imaginaire.
Sans flancher, les flancs
de la colline se blanchissent
de pâles voiles de nostalgie;
sans broncher, mes poumons
se gonflent d'un brouillard
de signification et d'envie.
Dans ce lieu de la hauteur
qui borde ma Genève,
l'inspiration se mute en poésie;
dans cet espace ouvert
qui survole la ville,
l'espérance du sens s'épie.
Mais les phrases trop courtes
qui parsèment ces vers
ne peuvent qu'esquisser
la beauté du Salève,
car ses courbes dé-
doublées et ses lignes
précaires
n'ont de pareilles
dans la langue de Ramuz.
Cette ode à notre mont
espère n'avoir rien à envier
aux chansons romantiques
qui jadis firent la cour
à nos sublimes Alpes.
Ces dernières, d'ailleurs,
jalouses de l'attention,
résonnent comme un choeur
battant dans l'arrière-fond
du Salève notre visage.
Au pinacle de notre oikos,
l'âme du Grand Genève est si belle,
que ses gouttelettes d'eau
tombent en pluie
sur notre région unie.
Il n'y a de mots,
il n'y a de phrases
qui puissent capturer
l'esprit de cet adage géologique,
mais si un jour
vous regardez le Salève,
et qu'au loin il vous sourit,
alors peut-être aurez-vous
l'avant-goût de ce qui habite
mes pensées en cet instant,
et abrite depuis toujours,
telle une canopée de sens,
la forêt magique de mes idées.