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Critical, creative and digital writingEcriture critique, créative et numérique

 ? 𝞪/A
24 07 2021  

Papa

Voilà maintenant un peu moins de 3 mois qu'Ayden est né, et les émotions engendrées par son arrivée dans ma vie sont toujours aussi vives.
Tellement vives que mon cerveau s'est comme reconfiguré: j'ai l'impression de n'avoir jamais vécu sans mon fils, ai la certitude qu'il a toujours fait partie de ma vie. Je pense à chacune de mes expériences passées et il est là, même bien avant sa naissance. Je pense à mon enfance, et il s'immisce dans mes photographies mentales. Je pense à ma rencontre avec Leslie, et Ayden nous regarde du futur avec un sourire en coin et des larmes aux yeux, le digne fils de son père. Je pense à mes études littéraires, et le visage d'Ayden est griffonné sur chacune des pages des livres que j'ai lus. Je pense à mes voyages, et Ayden se mue en koala, en kangourou, en perroquet, en lapin, en crocodile et m'accompagne jusqu'en Australie-même.
C'est étrange (et réjouissant) comme un bébé peut soudainement devenir l'être qui compte le plus, qui monopolise le plus mon attention, qui m'occupe le plus. C'est probablement un processus évolutionnaire bien rôdé que je suis en train de vivre, cela étant dit. Sans cette attention inaliénable envers mon fils, après tout, ses chances de survie seraient bien amoindries.
En moins de 3 mois, Ayden s'est donc imposé à moi comme une évidence: il est mon soleil, ma source de vie, la flamme qui m'anime, la chaleur qui m'habite. Sa naissance a été une éruption volcanique globale qui a à jamais changé le climat de mes pensées. Il est une irruption de l'onirique dans le réel, du fantastique dans le mondain, du poétique dans le prosaïque. Ayden est la créativité à l'état pur; il est à ma vie ce que l'ombre est la lumière, indissociable.
C'est d'ailleurs difficile de me remettre à l'écriture, car elle me semble une occupation de l'ordre du futile. J'ai de la peine à croire ce que j'écris. Si un jour on m'avait dit que moi je trouverais l'écriture comme accessoire et dispensable, je n'en aurai pas crû mes oreilles.
Mais bien ce que je ressens. Et c'est bien parce qu'Ayden est absent en ce moment que je me permets d'écrire ces lignes. Sans cela, cette page blanche (ce clavier d'ordinateur, vraiment) serait relégué aux confins de mes pensées.
Alors voilà, je reviens vers l'écriture pour lui signifier qu'elle passe maintenant en second plan, mais qu'elle ne quitte pas mon coeur, et que chaque instant de tristesse ou je ne peux être qu'un homme et non un père ou un mari ou un enseignant ou un ami ou un fils ou un frère ou on tonton, alors je la lui consacrerai.
Et qui sait? Peut-être qu'un jour, avec Ayden, nous parcourrons ces lignes et en ajouterons d'autres.
A bientôt!