Vacarme animal
Je les entends ripailler,
s'empiffrer,
s'étouffer
de toxiques effluves
dont les propriétés effarantes
tristement n'effraient plus personne.
Dans ce vacarme animal, où cohabitent
sombres félins,
lieux d'érosion maritime,
vendeurs de rêves
et fondeurs d'armures,
la jeunesse s'essaie,
et en s'essayant s'attire
les foudres
des couche-tôt
nostalgiques.
Lieu de passage
désert
la journée,
la rue du vacarme s'anime
la nuit
tombée.
Les cris et les pleurs se font
écho;
les rires et les larmes
s'accoladent;
des accrochages
de cols en peine ne cessent
d'éclore
et des collisions de désaccord
décorent
la partition du requiem
de la fin de semaine.
Ce vacarme animal
provient des saoules jeunesses
qui s'expriment en buvant,
en fumant et en oubliant l'intelligence
qui caractérise le vivant.
Dans ce monde impitoyable,
l'homéostasie n'a pas de valeur sociale
si ce n'est l'isolation.
Les relations profondes se cantonnent
à l'intimité physique
d'un triste sans-lendemain.
A quoi bon créer,
se disent-ils peut-être,
quand tout est éphémère?
A quoi bon durer,
se demandent-ils,
quand tout peut se détruire?
L'espoir est difficile à enseigner
dans cette société du tout-
tout-
de-
suite.
L'espoir est difficile à susciter
dans cette logique du Kapital,
car on ne peut pas acheter l'espoir,
le vendre,
le fumer,
ou le boire.
Et ça, on ne veut pas y croire.
Alors on se conforte dans le vacarme animal
des bris de verre et des hausses de ton,
et on pense à la jeunesse et au passage du temps.
Sans trop y croire,
à l'espoir…