Le catastrophisme et et les réprimandes
Les failles de la communication environnementale
En jetant un œil à la littérature dédiée à l'environnementalisme, il semblerait que les sociétés contemporaines possèdent toutes les réponses aux problèmes environnementaux qui minent notre écosystème global. Pourtant, il semble qu'il n'y ait pas grand chose de fait à un niveau global pour changer le déroulement des événements, ce qui pose la question de la raison pour laquelle nos sociétés contemporaines continuent sur cette trajectoire destructrice malgré toute les informations disponibles.
Une partie de la réponse se trouve dans la façon dont les scientifiques, les institutions gouvernementales et non-gouvernementales ainsi que les médias de masse - les Quatre Grands - communiquent en matière de sujets environnementaux. La communication environnementale est en effet largement basée sur un cadre de référence apocalyptique, dans lequel les communicants révèlent la fin du monde, en soulignant souvent son inexorabilité. En conséquence, si l'on dit que tout est perdu d'avance, il n'y que peu de marge de manœuvre pour l'amélioration, et ainsi le cycle vicieux se perpétue.
Une seconde cause probable de la faillite de la communication environnementale peut être trouvée dans l'attitude des scientifiques, des institutions gouvernementales et non-gouvernementales et des médias de masse: une attitude de constantes réprimandes. Mettre l'emphase sur les remontrances au lieu des solutions antagonise la population, et par conséquent aliène le mouvement environnementaliste.
Mettre fin au catastrophisme!
Si les problèmes environnementaux sont décrits comme inexorables, comment est-ce que la population des sociétés contemporaines peut accepter de changer sa façon d'interagir afin de diminuer son impact sur l'écosystème globale? La réponse est évidente: dans un contexte où les scénarios apocalyptiques sont légions, les gens ne vont pas changer. Au lieu de changer, les gens vont renforcer les comportements qui leur procurent du plaisir immédiat, i.e. des comportements souvent réalisés au détriment du bien-être commun.
Au lieu d'insister sur les possibles catastrophes qui attendent les sociétés humaines - nous avons vu que cela n'était pas efficace - les Quatre Grands devraient allouer plus de leur temps au développement d'outils éducationnels. En d'autres termes, au lieu de dire "Si tu continues, tu seras punis", les Quatre Grands devraient dire "Voici un autre jouet, tu vas plus t'amuser avec celui-là." La différence peut sembler minime, mais ce qui est proposé ici est effectivement la fin des menaces et le début de l'action, la fin du catastrophisme et le début du volontarisme.
Ce qui reste à définir est la nature des outils éducationnels qui vont permettre aux organismes humain des sociétés contemporaines d'altérer profondément leur interaction avec le monde.
Le paradoxe des réprimandes
Si les menaces de catastrophes à venir n'incitent pas les gens à diminuer leur impact sur l'écosystème, il est aussi vrai que les réprimandes répétées n'aident pas. Quand les Quatre Grands de la communication environnementale répètent si souvent que nous allons être punis dans le future pour notre manque d'égard environnemental, être puni verbalement sous la forme d'une réprimande immédiate de type "Vous devriez avoir honte de détruire la nature" antagonise clairement les populations humaines.
Le problème des remontrances est qu'elles ne rendent pas la population consciente de la possibilité de changer sa façon d'interagir. Au contraire, les réprimandes ont tendance à souligner la responsabilité que chacun a de vivre dans un système que l'on n'a pas choisi, la responsabilité d'avoir un passif culturel que l'on n'a pas volontairement adopté. De cette manière, les réprimandes des Quatre Grands humilient les gens par l'antagonisation et provoquent leur inaction. Au lieu de comprendre le message sous-jacent, les populations comprennent que certaines personnes sont en train de leur faire changer leur mode de vie par la force. En réaction, les populations campent sur leurs positions et favorisent ainsi la stase - la paralysie - par rapport à l'évolution.
Vers un changement volontaire au lieu d'une punition non-voulue
Pour conclure, la communication environnementale doit changer ses méthodes. Les Quatre Grands de la communication environnementales (scientifiques, institutions gouvernementales et non-gouvernementales ainsi que médias de masse) devraient comprendre que menacer et punir n'est pas une façon de faire changer les gens. Au contraire, les menaces et réprimandes antagonisent, aliènent et sont donc inefficaces.
Les populations contemporaines devraient changer volontairement, parce qu'elles le veulent, et non parce qu'elles sont menacées de punition dans le cas contraire. Bien que cette position puisse frustrer certains avocats du mouvement vert, le changement volontaire est nécessaire si nous voulons améliorer notre façon de vivre.