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Critical, creative and digital writingEcriture critique, créative et numérique

 ? 𝞪/A
22 01 2016  

Le discours débilisant

Retour à la récré

En observant certaines interventions de certains politiciens dans les médias suisses (et je ne citerai personne pour pas faire de jaloux), que ce soit à la télévision, dans les journaux, ou sur les réseaux sociaux, je me demande (et je suis pas le seul) si on n'est pas de retour à l'école maternelle, plus précisément à la récré. Depuis l'irruption du discours populiste dans nos médias, le niveau intellectuel et moral des débats a plongé pour atteindre des abîmes d'une bassesse inimaginable (et j'ai une imagination débordante).

Simplifier pour mieux dominer

Une forme de discours débilisant et débilitant est devenue la forme dominante d'expression des partis les plus importants. Le principe du Rasoir d'Ockham, qui pousse à opter pour un nombre de raisons minimum à l'explication d'un problème, a été détourné–non, massacré, égorgé–par les pourfendeurs du discours débilisant. Ainsi, à force de simplifier, on en arrive à préférer offrir une explication simpliste plutôt qu'une explication simple. L'ajout du suffixe "-iste" est malheureusement une tragédie intellectuelle, car l'explication simpliste écarte et exclut les véritables raisons du problème. Le discours débilisant nous induit en erreur. C'est une poudre aux yeux, un voile que l'on appose au monde afin d'atteindre un but, un seul! La promotion des intérêts personnels! Ne nous laissons pas leurrer par les motivations des populistes et des démagogues. Les principales raisons qui sous-tendent leur discours sont électoralistes. C'est une question d'ego, de revalorisation personnelle et identitaire. On n'exclut pas d'autres humains afin de préserver le groupe; cela se ferait dans le monde des bisounours! On exclut d'autres humains afin de se revaloriser, afin de combler ses propres tares, de compenser un complexe d'infériorité, de se mettre en avant, de flatter sa testostérone en se pensant le chevalier blanc des petites gens et des paysans, alors même qu'on appartient à une élite élitiste et élue! Celui qui a l'explication la plus simpliste est de nos jours celui qui pense de manière individualiste. C'est un problème, car en réalité, dans un monde interconnecté par les médias numériques, par les réseaux sociaux, par la facilité des transports, par la circulation de la pollution, et par l'effet global des initiatives locales, c'est bien celui qui se bat pour la complexité, la pluralité et l'incertitude qui offre la vérité à la population sur un plateau d'argent. Mais comment reconnaître que complexité, pluralité et incertitude règnent en maîtres sur les principes de nos sociétés contemporaines quand des pignoufs nous rabachent à longueur de journée que le simplisme est religion et par la même occasion nous rappellent que dans une démocratie débilisée, l'électoralisme démagogique est roi? Tout ça pour dire: on nous prend pour des truffes!